Utiliser la réalité virtuelle pour accélérer la transformation digitale du métier de la rénovation et développer une approche par témoins virtuels : c’est ce que propose RehaLib. Focus sur trois missions réalisées par Damien Bahon, son concepteur. 

1. Aide à la concertation et à la décision à la résidence Parc de Chambéry (Villenave d’Orvon)

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« Pour le bailleur social bordelais Clairsienne (groupe Action Logement), nous avons développé une interface permettant de visualiser précisément le déroulé des travaux de restructuration des parties communes de la résidence. 

La mission a débuté par la numérisation des espaces concernés – entrée d’immeuble, deux premières volées d’escaliers, caves et environnement extérieur immédiat – avec un scan laser associé à un appareil photo. Sur cette maquette ont ensuite été intégrés différents objets 3D comme les échafaudages prévus. 

Résultat : le gestionnaire a pu montrer, en images, le déroulé précis des travaux et leur phasage détaillé du point de vue des locataires, ainsi que les cheminements temporaires prévus durant les travaux, puis définitifs. 

À la différence d’une maquette d’architecte, au rendu final « pur », le bailleur a également pu montrer les éléments qui ne seraient pas réhabilités. Pas de déception pour les locataires !

Enfin, la maquette a également été utilisée pour permettre aux locataires de visualiser les quatre couleurs de peintures proposées pour la remise à neuf. Cela peut paraître anodin, mais cela laisse la décision finale aux occupants, sans impact financier. Et l’on sait que les bailleurs sociaux demandent de plus en plus l’avis aux locataires. Là encore, l’implication des occupants permet une meilleure acceptabilité du projet ». 

2. Étude de surélévation à la résidence Paul-Langevin (Saint-Denis)

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« Ici, le bailleur social – Plaine Commune Habitat – souhaitait étudier la faisabilité de l’aménagement d’une surélévation de l’un de ses immeubles dyonisiens. Son idée était de transformer des solariums en studios d’habitation. Mais les locataires ont immédiatement exprimé des réserves sur le projet. Il a notamment émergé une crainte que ces espaces soient occupés par des personnes extérieures à la résidence. 

Nous avons commencé par réaliser une photogrammétrie par drone de l’extérieur de l’immeuble et de son environnement, ce qui constitue le relevé 3D initial. Puis, nous avons intégré la maquette 3D du projet global à l’intérieur de ce relevé, et complété l’expérience par une visite virtuelle des futurs studios. L’objectif est de montrer de façon la plus objective possible la consistance du projet et son impact dans la vie quotidienne de la résidence.

Si les locataires doivent encore s’exprimer sur le projet, la maquette détaillée constituera alors un support de discussions concret. La 3D ne remplace par l’argumentaire mais peut ouvrir la voie à une concertation plus apaisée puisque les locataires visualisent précisément le projet. 

Peut-être que demain, l’application sera directement téléchargeable par le locataire : il pourra ainsi consulter directement le projet sur son smartphone, en amont de la réunion de concertation prévue avec son bailleur ». 

3. Aménagements personnalisés et optimisation des délais de chantier

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« Pour finir, cap sur l’île de la Réunion. La filiale locale de Vinci, la S2R, a été chargée de la rénovation complète d’une résidence universitaire comptant 198 chambres identiques. 

Nous avons donc réalisé un logement « témoin virtuel », dans lequel nous avons intégré une dizaine d’éléments techniques. Présenté ensuite à l’architecte et aux locataires, chacun pourra sélectionner coloris et natures de matériaux laissés au choix. 

Mais ce n’est pas tout. Une fois validés, les éléments seront exportés en IFC directement sur les tablettes des chargés d’opération sur le chantier. Avec à la clé, une optimisation du programme de travail, et donc des délais de chantier, y compris en cas de personnalisation poussée (ce qui n’était pas l’enjeu majeur ici). 

Une fois le chantier fini, les DOE seront également livrés en IFC au bailleur. Ce déploiement intervient après une première expérimentation réussie sur le chantier GTM Bâtiment de rénovation de 80 logements individuels pour le compte du Ministère de la Défense sur le site de l’Hôpital des Armées Bégin. » 

Zoom : Combien ça coûte ? 

Développé en « intraprise » par Damien Bahon, collaborateur de Vinci, en partenariat avec le CEA, RehaLib collabore avec Vinci et ses filiales comme avec des clients extérieurs. 

L’application dispose d’une grande souplesse : la numérisation peut être réalisée par smartphone, scanner 3D ou par drone tandis que les applicatifs sont développés à la demande. Enfin, l’ensemble peut être visualisé via smartphone, tablette, casques de réalité augmentée ou virtuelle… 

Le coût des prestations évoquées dans cet article oscillent entre 5000 et 10 000 euros. « Le prix varie essentiellement en fonction du niveau de détail demandé, c’est-à-dire du nombre d’éléments à intégrer dans la maquette », précise l’ingénieur.