Efficacité énergétique, ventilation, acoustique, qualité de l’air intérieur… La réhabilitation d’un ancien hangar militaire, à Lagord, à quelques kilomètres de La Rochelle, a permis de multiplier les solutions innovantes. Explications de Christophe Philipponneau, DG de la plateforme Tipee.

Le Lab’in Tech est le premier bâtiment réhabilité de cette friche militaire de 27 hectares. Les travaux ont débuté en 2015, et le bâtiment logistique de 6300 m2 a été livré en octobre 2016. Faisant office de « démonstrateur de l’ambition du projet », il fait partie d’un projet plus vaste de réhabilitation, mené par l’agglomération de la Rochelle. « Après le départ des militaires, l’objectif était de faire de cette zone un parc bas carbone, en répondant aux enjeux de transition énergétique », explique Christophe Philipponneau.

Tout le bâtiment a été réhabilité en conservant la structure d’origine (charpente), ainsi qu’une partie du dallage « construit pour résister au poids des chars d’assaut en réparation ». Le Lab’in Tech a ensuite été instrumenté avec des capteurs, « mais il est encore trop tôt pour avoir un retour d’expérience », indique le directeur général. On sait toutefois que la consommation énergétique du bâtiment a été réduite de 350 kWhEP/m2.an à 25 kWhEP/m2.an.

Zoom : La plateforme Tipee

La plateforme Tipee est intervenue sur le projet en tant que coordinateur innovations, pour animer un consortium de seize entreprises qui se sont engagées pour installer leurs innovations dans le Lab’in Tech. « En 2011, nous avons répondu à l’AMI de l’Ademe pour la création d’une plateforme bâtiment durable en rénovation, et nous avons été retenus », explique Christophe Philipponneau. Auparavant hébergée et animée par l’université de La Rochelle, la plateforme est désormais une SAS, qui a « l’originalité de disposer d’un panel d’actionnaires à la fois publics et privés. », ajoute le directeur général. La plateforme accompagne également la maîtrise d’ouvrage sur la santé dans le bâtiment (dimensions thermique, acoustique et qualité de l’air intérieur) « puisqu’il s’agit avant tout de passer du monde du bien construire, au bien vivre ».

4 innovations à retenir

Difficile de mentionner toutes les innovations présentes dans le bâtiment, mais certaines « retiennent davantage l’attention des visiteurs », indique Christophe Philipponneau. Il nous présente quatre innovations.

 

  • Le sageglass

« L’avantage du produit, ce qu’on peut réguler l’apport de lumière extérieure en fonction de l’éclairement à l’intérieur des pièces. Concrètement, ce vitrage dynamique dispose d’une sonde d’éclairement qui envoie un faible courant électrique permettant d’opacifier au fur et à mesure le vitrage, ce qui évite une surchauffe dans le local, et permet de conserver un éclairement minimum afin d’éviter un apport solaire inutile. Le sageglass est installé dans l’accueil général, qui est la partie la plus vitrée du bâtiment. Nous l’avons testé l’été dernier, et c’est l’endroit le plus agréable du bâtiment en cas de grosses chaleurs. Le système est assorti d’une sur-ventilation nocturne, ainsi il n’était pas nécessaire d’installer une climatisation. »

 

  • L’éclairage intelligent (Hervé Thermique et C.E.L.)

« L’installation de cet éclairage a permis une économie d’énergie jusqu’à 60%, via l’introduction d’un système de pilotage paramétrable. Il a été installé dans toutes les halles disposant d’une hauteur sous plafond importante, et apporte le complément d’éclairage nécessaire, par rapport à l’éclairage naturel. Concrètement, lorsque l’on allume la lumière, une sonde d’éclairement mesure le niveau d’éclairement et adapte la puissance des ampoules à 20%, 50%, selon les besoins. »

 

  • La fenêtre ENR (groupe Ridoret et Roche France)

« C’est une fenêtre triple vitrage, qui permet un déplacement d’air entre les vitrages et un apport en air neuf. Ce dernier circule entre la première et la deuxième vitre, puis entre la deuxième et la troisième vitre, avant de pénétrer dans les pièces. La fenêtre permet une récupération d’énergie en réchauffant l’air extérieur avant de le transférer à l’intérieur du bâtiment, et dispose d’un système d’extraction de l’air pour éviter la surchauffe liée à l’ensoleillement. Le vitrage piège également les sons, offrant une isolation phonique supérieure à celle d’une fenêtre classique. Cette fenêtre a été installée sur toute la zone pépinière d’entreprises, à l’ouest du bâtiment. »

 

  • La membrane d’étanchéité réfléchissante Soprastar (Soprema)

« Cette membrane est recouverte d’un produit à forte réflexivité solaire (0,78) et à émissivité thermique élevée (0,89). Prenons l’exemple d’un pays avec des températures élevées, comme la Grèce, où toutes les maisons sont peintes en blanc ; c’est le même principe pour cette membrane qui réfléchit le plus possible la lumière, ce qui permet d’éviter que l’intérieur du bâtiment surchauffe. À titre de comparaison, un revêtement ardoise en plein soleil monte jusqu’à 70°C, tandis que la membrane réfléchissante se maintient à une température de 28°C. »

Miser sur la ventilation

L’ensemble du système de ventilation du bâtiment n’est pas en reste, « car la qualité de l’air intérieur représente aujourd’hui un enjeu important », estime Christophe Philipponneau. « Les fenêtres du rez-de-chaussée et du premier étage s’ouvrent automatiquement si besoin, pour faire entrer l’air extérieur. Le système mesure la température de l’air extérieur et celle de l’air intérieur, et crée un courant d’air s’il estime que c’est nécessaire. » La sur-ventilation est surtout utilisée la nuit, afin d’éliminer les calories engrangées la journée, mais les usagers ont également la possibilité de modifier et d’agir sur ces réglages. « Nous estimons que pour être performant, il faut être sachant, c’est pourquoi nous informons les usagers de la possibilité d’agir sur la ventilation, tout en ayant à disposition les informations communiquées par le bâtiment », explique Christophe Philipponneau.

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