Lancée en 2016, Kocliko propose aux maîtres d’ouvrage de valider les économies d’énergie calculées en amont et même de s’assurer de la pertinence des travaux de rénovation conduits. Éric Vorger, dirigeant de la start-up, évoque une mission d’AMO qu’il vient de conduire pour le compte du bailleur social Domaxis. 

« Domaxis nous a confié une mission d’AMO afin de les accompagner sur l’opération de rénovation de la résidence Descartes à Saint-Quentin-en-Yvelines. L’objectif sur ce programme était double : définir les travaux les plus performants au niveau économique et énergétique et s’assurer que les économies d’énergie annoncées par le bureau d’études seraient au rendez-vous », indique le responsable, auteur d’une thèse de doctorat sur l’influence du comportement des habitants sur la performance énergétique du bâtiment en 2014. 

Sécurisation d’un CPE

Concrètement, la start-up a commencé par concevoir une maquette numérique du bâtiment en s’appuyant sur les données patrimoniales transmises par le bailleur. Ensuite – toujours en amont des travaux – elle a équipé 20% des logements de l’immeuble de sondes (température et humidité) et de compteurs d’énergie afin de  « prendre une photo » des consommations réelles avant les travaux. La même opération sera ensuite menée en janvier, à la livraison des travaux. 

Il sera alors très facile pour le bailleur d’évaluer les performances réelles des travaux menés (isolation suffisante de l’enveloppe,  rendements réels des équipements…) et d’identifier rapidement les causes de sous-performance. Libre ensuite au maître d’ouvrage d’engager la responsabilité éventuelle de l’un ou l’autre de ses prestataires. Notamment lorsqu’un CPE a été conclu. 

« Notre solution permet de comparer les consommations énergétiques de manière objective, en tenant compte du climat (année plus ou moins chaude) ou du comportement des occupants (effet rebond) par exemple, afin de pouvoir procéder à des évaluations objectives, sur plusieurs années ». Au total, il faudra compter pour une mission d’AMO de ce type sur un bâtiment d’une centaine de logements un investissement de 10 à 15 000 euros. 

Aide à la stratégie de rénovation

Mais Kocliko peut aller encore plus loin que cette « simple » sécurisation des consommations. « L’étape d’après est d’associer la maquette numérique aux données réelles afin de réaliser – en amont des travaux – une simulation thermique-dynamique (STD) nouvelle génération, plus précise car prenant en compte les consommations effectives et non conventionnelles », détaille Eric Vorger.

Avec l’objectif de croiser ces données qualifiées avec de l’IA. « Nous pouvons  ainsi utiliser ce modèle de STD pour déterminer les travaux les plus intéressants grâce à notre algorithme spécifique. Concrètement, là où un BE propose une demi-douzaine de scénarii de rénovation différents, notre algorithme peut en évaluer jusqu’à un million », explique l’expert. Avec à la clé, un gain de 10 à 20% de performance énergétique pour un montant d’investissement inchangé. 

Si la solution IA n’a pas été retenue dans le cas de la rénovation de la résidence Descartes de Saint-Quentin-en-Yvelines (« nous sommes arrivés trop tard dans le processus »), elle devrait être utilisée prochainement « en rénovation pour un deuxième projet Domaxis, Toit et Joie et In’Li et en construction neuve pour Vinci, Pichet et Nexity ». 

Forfait chauffage

Au plus proche des bailleurs sociaux, la start-up développe également en partenariat avec l’incubateur in’li, filiale du groupe Action Logement, un « forfait confort tout compris ». Sur le modèle des forfaits téléphoniques, il intégrerait les dépenses de chauffage et, à terme, d’ECS ou d’électricité. Pour l’instant, « le dispositif s’appuie sur des robinets thermostatiques connectés assurant la régulation du chauffage ainsi que la transmission des données de chaque logement », décrit Eric Vorger. 

Avec, à terme, la possibilité de définir des forfaits selon la température de consigne retenue par les occupants. « Nous appliquons la logique de l’économie de fonctionnalité en vendant du confort plutôt que les kWh sensés assurer ce confort. Cela permettra de développer de façon pédagogique la responsabilité de chaque occupant. Bien avant la réception de sa facture, il disposera d’informations précises sur le coût mensuel en euros de sa consommation énergétique ».