À Montreuil, l’OPHLM expérimente actuellement une solution de traitement d’eau à distance. Objectif ? Optimiser l’exploitation des chaudières à condensation récemment installées, et gagner en efficacité énergétique. Les explications de Marc Meister, responsable technique de la régie travaux de l’OPH montreuillois et Fabrice Audibert, responsable prescription nationale chez BWT France. 

Tout est parti de la rénovation énergétique d’une résidence de 69 logements. « En 2017, nous avons remplacé la totalité des chaudières individuelles par une production de chauffage et d’ECS centralisée, fournie par deux générateurs à condensation de très haute performance. Ces chaudières, particulièrement coûteuses mais surtout exigeantes en matière de qualité d’eau affichent un rendement élevé (avec un bruleur fonctionnant de 8 à 100%)… mais leur constitution et leur système de récupération de chaleur des fumées nécessitent une qualité d’eau irréprochable. D’où la nécessité de la traiter en amont via un adoucisseur et un conditionnement de l’ensemble du circuit optimal », rappelle Marc Meister, responsable technique de la régie travaux de l’OPH de Montreuil. 

En pratique

Deux ans après sa mise en service, la nouvelle chaufferie rencontre cependant quelques difficultés au niveau de l’adoucisseur. « BWT France nous a alors proposé de tester le système d’instrumentation B-Connect, qu’ils étaient en train de lancer ». Initialement spécialiste du traitement d’eau, l’entreprise a intégré entre-temps les technologies numériques. 

Cet automne, la chaufferie de Montreuil a donc été équipée d’une série de capteurs communicants autonomes fonctionnant avec le protocole LoRa*. Concrètement, explique Fabrice Audibert, responsable prescription nationale chez BWT France : « Il s’agit de deux fils à raccorder directement sur le compteur et l’adoucisseur. D’autres équipements peuvent ensuite être ajoutés via un système de code barre. L’installation technique proprement dite prend une heure à peine. Les informations sont ensuite transmises sur l’application web en ligne. L’utilisateur peut ensuite accéder aux données via deux interfaces distinctes, selon qu’il est ou non équipé d’un système de GTB » (lire zoom). 

Efficacité

Le responsable technique des régies de Montreuil – 12 000 logements (dont 6000 en collectif gaz gérés en régie) – décide d’aller plus loin dans l’expérimentation. En plus des capteurs sur le compteur et l’adoucisseur, il en a fait poser à différents points stratégiques de l’installation de la chaufferie afin de disposer d’une vision globale de celle-ci.

« Des capteurs ont été posés sur les circuits primaire et secondaire chauffage et ECS. La lecture des graphes et des alarmes transmis nous ont permis de mener à bien la mise au point de l’installation, composée d’un ensemble de matériels performants, afin d’optimiser au mieux leurs rendements. Les graphes offrent une vision globale de l’installation et permettent de vérifier ainsi les départs chauffage régulés en fonction de la température extérieure, les températures réglementaires de départ et de retour de boucle ECS, mais également le fonctionnement de l’adoucisseur et ses besoins en sel. Il faut rappeler que les réglages d’une chaufferie de ce type sont réalisés sur deux saisons de chauffe en général », détaille Marc Meister. 

Bilan

Mise en service depuis quelques mois seulement, la solution de suivi à distance de BWT est en cours d’évaluation par le client. Elle semble cependant avoir séduit le responsable technique comme ses équipes. « La convivialité du système permet à l’ensemble des techniciens de la régie chauffage, de déterminer à distance et avec précision (via smartphone ou tablette) la défaillance d’un matériel ou l’interruption de fourniture de chaleur, permettant ainsi d’orienter les équipes concernées. Elles peuvent par exemple savoir d’emblée si la panne concerne notre réseau ou celui du fournisseur de chaleur, et gagnent donc en efficacité ». 

La solution a aussi permis d’optimiser les passages pour recharger les consommables (sel), et a d’ores et déjà évité « un à deux passages de technicien par mois, ce qui en région parisienne est un gain notable au regard du trafic routier ». Le système d’alerte par SMS/mail permet également de rationaliser les interventions techniques, accompagnant le bailleur dans sa maintenance préventive.   

Et d’autres points forts – pas encore éprouvés par le bailleur social cependant – sont mis en avant par BWT, dans un récent livre blanc notamment. « Le bon entretien du réseau hydraulique d’une installation de chauffage permet de réduire, voire de supprimer les désembouages des circuits, désembouage qui nécessite d’utiliser 20 fois le volume d’eau du circuit à désembouer », rappelle Fabrice Audibert. Autre chiffre avancé par le responsable : « un millimètre de calcaire dans les réseaux contribue à augmenter la consommation énergétique de l’installation de 7% ». 

Zoom : Deux interfaces possibles pour visualiser les résultats

Développée en partenariat avec des maîtres d’ouvrage, la solution de collecte, d’analyse et de valorisation des données de traitement d’eau B-Connect peut être utilisée avec deux plateformes au choix : une connexion via l’application Semlink de Librafluides concept ou une connexion via l’interface moduWeb Unity avec Sauter Régulation. 

En termes d’investissement, il faudra compter avec un ticket d’entrée autour de 1500 euros, prix public, pour l’installation des capteurs et l’accès à l’interface. À ajouter à l’enveloppe traitement d’eau habituelle. 

* LoRa ou « long range » (pour « longue portée ») est un protocole de télécommunication permettant à des objets connectés d’échanger des informations. Il est particulièrement adapté pour transmettre, ponctuellement, une petite quantité de données.