Le bailleur social Clésence, filiale d’Action Logement, vient de se lancer dans la « bimisation » de son patrimoine. Avec des attentes bien définies. Les explications d’Onofrio Guglielmi, chef de projet BIM de l’opérateur.

Vous déployez actuellement le BIM auprès de Clésence en partenariat avec le Puca. Qu’est-ce que cela implique ?

L’agence ministérielle du Puca (Plan Urbanisme Construction Architecture) conduit depuis 2013 le programme « BIM maquette numérique », sous la forme de recherches, appels à projets et à expérimentations notamment. Ces travaux les ont conduits à sélectionner un large éventail d’outils, destinés aux maîtres d’ouvrage et aux gestionnaires de bâtiments qui souhaitent s’engager dans le BIM, que cela soit pour la conception, la rénovation ou l’exploitation.

Lorsque Clésence a commencé à réfléchir à la bimisation de son patrimoine, nous nous sommes donc naturellement tourné vers les outils sélectionnés par le Puca. Notre objectif est de disposer à terme d’un outil performant pour la gestion, l’exploitation, l’entretien et maintenance de nos 50 000 logements.

Quel(s) outil(s) avez-vous finalement retenu(s) et pourquoi ?

La numérisation du parc va être assurée par BIMer services, lauréat de l’appel à projets du Puca en 2015. Ils vont créer les maquettes 3D à partir des plans dwg et des relevés topographiques sur site… qui seront ensuite complétées avec les informations que nous leur transmettrons. En cas d’absence de plans, nous opterons pour un relevé par scan 3D, et peut-être pour de la photogrammétrie par drone.

Les données patrimoniales seront en effet relevées et transmises par nos équipes, après visite sur site. Notre objectif est d’intégrer l’ensemble des données techniques : matériaux et équipements, localisation des vannes d’arrêt, mais aussi les DTA, DPE, diagnostics plomb et emplacements des prélèvements amiante effectués dans le cadre du diagnostic avant-travaux (reste à trouver un outil de géolocalisation). Nous intégrerons également les informations en lien avec l’accessibilité des logements. Avec l’ambition de pouvoir identifier les logements adaptés aux personnes âgées, ou à un type de handicap, et ceux que l’on pourra rendre « adaptables ». Cette phase de collecte sera la mission la plus onéreuse de l’opération et s’étendra sur les quatre-cinq prochaines années.

Pour développer la passerelle de communication entre la maquette numérique conçue par BIMer services et notre logiciel ERP maison, nous avons sollicité la startup NovaMap. Elle va développer pour nous en open BIM – sans logiciel spécifique donc – une interface « N’connect », qui alimentera automatiquement la maquette et l’ERP avec les nouvelles données, en bidirectionnel donc. Pour finir, ils développeront également, spécialement pour nous, un système de requêtes. Puis, un applicatif d’aide à l’élaboration de plans prévisionnels des travaux, qui s’appuiera sur une IA.

En quoi cette « bimisation » est-elle originale ou atypique ?

Nos serveurs hébergeront l’ensemble des données. Il nous semblait essentiel de rester propriétaires de nos données, conformément à la norme ISO IFC 16739 (Industry Foundation Classes). Pour l’instant, la première maquette gestion-exploitation sortie correspond à ce que nous attendons, en termes de niveau de détails comme de poids. Elle ne pèse que 68 mégas, contre 300 à 500 en général pour une maquette IFC issue du DOE. L’objectif est qu’elle puisse s’ouvrir sur un smartphone ou une tablette, et pas seulement sur un ordinateur ultra-puissant.

Nous menons ce projet avec l’objectif de rendre, à long terme, le BIM gestion rentable. Grâce à la diminution des temps d’intervention des professionnels, tout en augmentant la satisfaction des locataires ! »