Fondateur de l’entreprise Solair Pro et membre du réseau des professionnels du solaire thermique collectif Socol, Pierre Chalumeau livre trois conseils à la maîtrise d’ouvrage et aux gestionnaires de bâtiment afin de sécuriser les performances de leurs installations de production d’ECS solaire.

  • Opter pour un suivi rigoureux de l’installation

« La plateforme collaborative Socol fournit des outils afin d’assurer une bonne mise en fonctionnement des installations solaires, qu’elles soient neuves ou rénovées. Cette mise en service dynamique s’effectue sur deux aspects, et en deux temps.

Durant les six premiers mois suivant la réception statique de l’installation, il s’agit d’abord de contrôler et d’affiner son paramètrage. L’objectif est de s’assurer que la production réelle est conforme à la  productible théorique. Ce suivi dynamique, avec la montée en production dans le cas de logements neufs, permet d’atteindre la performance nominale définie par le bureau d’études avec les kWh réels, fournis via l’ECS, en appliquant un coefficient de 0,8 pour une éventuelle marge d’erreur.

La mise en service dynamique marque le début du suivi de l’installation, en impliquant l’exploitant en tant qu’observateur dès qu’il est identifié et durant toute cette période de réglages, pour une meilleure prise en main de l’installation. Socol recommande de conclure un contrat de maintenance avec un prestataire le plus en amont possible. Celui-ci va assurer la quantité d’énergie solaire produite par l’installation en surveillant et en anticipant les éventuelles futures difficultés : baisse de production, pannes, fuites…

  • Privilégier des outils simples, mis en oeuvre par des professionnels formés

Instrumenter une installation thermique solaire lors de sa mise en service dynamique ou pour assurer sa maintenance est aujourd’hui plus simple et moins onéreux, grâce à l’IoT et aux propositions développées par des fabricants solaires ou les centres de recherches (comme TéléSuiWeb développé par l’Ines) .

Dans le neuf et dans l’ancien lorsque cela est possible, on privilégiera la pose d’un compteur d’énergie  pour le comptage des kWh produit par en sortie de ballon solaire, relié à un modem 3G/4G, à une GTB ou à un réseau bas débit.

Dans les cas où il n’est pas possible d’installer ces équipements, d’autres solutions existent. Pour identifier les dérives, un professionnel qualifié vérifiera régulièrement la température du circuit primaire (delta de 10°C/15°C entre l’aller/retour du circuit primaire), ou en haut du capteur pour s’assurer de la température. Il contrôlera aussi la pression du système pour identifier les fuites le plus en amont possible, et engager une maintenance curative. La maintenance prédictive est également possible dans le solaire !

Aujourd’hui, peu de professionnels du solaire proposent ce type de prestation, qui nécessite des connaissances techniques et un certain goût pour la relation client. Pour y remédier, Socol a lancé cette année une formation de 3 jours dédiée aux exploitants, et dispensée dans toute la France. Elle répond à une demande des maîtres d’ouvrage, bailleurs sociaux en tête, et vient compléter le maillage de fiabilisation de la filière (RGE pour les bureaux d’études et les installateurs déjà en place, procédure de mise en service dynamique…).

  • Dimensionner son investissement en fonction des gains obtenus par le changement d’énergie

Le coût du contrat d’exploitation-maintenance doit être inférieur au gain de productivité solaire, en comparaison avec une autre énergie. Aujourd’hui, le coût représente quelques centaines d’euros par an pour une exploitation avec suivi dans le cadre d’une installation thermique de taille moyenne.

Dernier point important à avoir en tête : certaines aides du Fonds chaleur de l’Ademe sont réservées aux opérations de solaire thermique collectif avec une mise en service dynamique et l’implication d’un exploitant formé ».