Dans le deuxième arrondissement de la capitale, le « #cloud.Paris » a bénéficié d’une desserte antennaire, qui améliore sensiblement sa connectivité. Explications.

Accès au wifi, aux réseaux des opérateurs de téléphonie mobile, et demain développement de l’internet des objets (IoT)… La qualité de connectivité d’un bâtiment sera-t-elle bientôt un critère de choix, au même titre que sa performance énergétique ou son accès aux transports en commun ? Poser la question c’est déjà y répondre… un peu. D’autant plus depuis l’arrivée récente sur le marché français du label WiredScore, qui permet de certifier la bonne connectivité du bâtiment.

Mais, entre murs isolés, et surtout vitrages renforcés anti-émissivité – intégrant des couches métalliques qui réduisent la pénétration des signaux radioélectriques dans les volumes intérieurs – l’équation semble des plus complexes. Une solution consiste pour le maître d’ouvrage à prévoir le plus en amont du projet, idéalement dès la conception, la pose d’une desserte antennaire.

Installation sous-dimensionnée

C’est le choix qu’a fait la Société Foncière Lyonnaise (SFL), bailleur du #cloud.paris, un ensemble de quatre bâtiments type haussmannien rénovés intégralement et livrés en novembre 2015, qui accueille aujourd’hui six preneurs prestigieux, dont Facebook ou Blabacar. Des occupants, qui s’acquittent d’un loyer parmi les plus élevés du marché, et qu’on imagine particulièrement soucieux de leur connectivité.

La « plus ancienne foncière française » avait prévu dès la conception un lot en lien avec la connectivité du bâtiment « incluant répéteur hertzien, antenne et amplificateur », se souvient Thomas Hervieu, directeur associé de LD Expertise et Solutions, société d’ingénierie spécialisée dans tous les systèmes sans fil, qui a conduit le projet. Mais la solution s’avère sous-dimensionnée au regard de la superficie du bâtiment (un peu moins de 35 000 m2) et de son nouvel aménagement intérieur. Quelques mois avant la livraison, le cabinet est donc sollicité.

« Ce type de demande de dernière minute était relativement fréquente il y a encore trois-quatre ans, c’est moins le cas aujourd’hui, les maîtres d’ouvrage sont de plus en plus sensibilisés à cette question », explique le responsable, qui a donc repris avec son équipe l’ensemble du projet afin de fournir une solution « clé en main » à son client, dans les temps.

Bandes de fréquence

En pratique, le système recommandé par le cabinet d’ingénierie pour le #cloud.paris comprend le déploiement de trois dessertes antennaires à large bande . « La desserte antennaire est une infrastructure passive (ou « agnostique ») en mesure de faire rayonner les signaux de toutes les bandes de fréquence –  signaux wifi, réseaux de téléphonie mobile des différents opérateurs après accord de leur part, internet des objets en bandes libres SigFox et LoRa – dans l’ensemble des espaces de l’immeuble. Elle est constituée de câbles coaxiaux, coupleurs et antennes installés dans toutes les horizontalités », détaille Thomas Hervieu.

Trois locaux techniques ont ensuite été aménagés dans les sous-sols pour accueillir les relais des opérateurs mobiles ; une opération qui peut être payante selon le type d’occupants, et dont le coût peut être reporté à ces derniers. Résultats : une connectivité renforcée, sans interférence des différents signaux, adaptable aux besoins futurs du bâtiment, des équipements antennaires invisibles, et des équipements relais accessibles à tout moment pour les équipes de maintenance des opérateurs.

GTB

Détenteur de l’ensemble des labels possibles (lire zoom), le bâtiment ainsi connecté offre à ses occupants la possibilité d’accéder à l’ensemble des réseaux. Ces derniers pourront être activés « au fil de l’eau », selon les besoins des différentes entreprises occupantes. « Nous avons récemment proposé à l’aménageur du #cloud.paris d’interconnecter un réseau d’Internet des Objets à la desserte antennaire pour relier des équipements de GTB, des capteurs environnementaux (thermiques…) notamment. C’est quelque chose que nous n’avions pas en tête lorsque nous avons mis en œuvre cette desserte ».

Une approche rendue possible par le volontarisme du maître d’ouvrage. « C’est à lui de s’emparer de la question, relève l’ingénieur. Le cabinet proposera donc très prochainement des sessions courtes de formation pour présenter les caractéristiques principales des réseaux sans fil aux maîtres d’ouvrage et autres acteurs de l’immobilier. D’autant que dans le domaine, les technologies évoluent (très) vite. « Avec l’arrivée de la 5G, en 2020, les opérateurs devront positionner de nouveaux supports antennaires afin de rendre le réseau accessible dans les villes. Cependant, plus on monte en fréquence, plus la bande de fréquence d’opération est large, moins la couverture est distante, explique Thomas Hervieu. Dans les métropoles, ils risquent de se tourner vers les propriétaires de bâtiments pour installer des supports antennaires compatibles en façade, à 10-12 mètres de haut ». Un nouveau moyen de valoriser son bâtiment ? « Nous essayons en tout cas de lancer la réflexion. »

Le « #cloud.Paris » en quelques chiffres

5 certifications : Label BBC Effinergie Rénovation, triple certification HQE, Breeam et Leed  au plus haut niveau, et WiredScore Gold.

36 mois de travaux.

33 500 m2 de surface active, 38 000 m2 de surface totale.

Une restructuration à 100 millions d’euros HT, dont 250 000 pour le lot connectivité.

6 preneurs se partagent actuellement le bâtiment.