Pour ce projet d’autoconsommation photovoltaïque partielle sur un ensemble de bâtiments industriels lambda, le développeur Inelia a dû relever une série de défis techniques. 

Des bâtiments anciens collés les uns aux autres, dont certains accueillant des entrepôts, le tout en zone urbanisée… À première vue, le siège social de la marque de vêtements DDP, situé à Bègles, n’affichait pas une configuration idéale pour installer une centrale photovoltaïque. C’est pourtant ce qu’a fait, dès 2015, Inelia. « Le site cumulait plusieurs contraintes techniques, se souvient Julien Menaut, chargé de développement au sein de l’entreprise. Il a fallu s’orienter vers des solutions qui ne relevaient pas de la technique courante ». 

Première étape : identifier les toitures en bac acier en capacité d’accueillir des modules solaires. Une gageure au regard de la configuration et de la typologie des bâtiments. « Une très grande toiture, orientée plein sud, a par exemple dû être laissée de côté : sa couverture ne pouvait pas accueillir une solution photovoltaïque certifiée sur la dizaine possible. Et le processus de certification d’une solution adaptée – par Atex ou ETN  – aurait entraîné des coûts supplémentaires notables ». Au final, un ensemble de surfaces, représentant environ 400 m2 de toiture, sont finalement identifiées. 

Taux d’autoconsommation

Reste à savoir si le projet est suffisamment rentable pour être engagé. « Pour s’en assurer, nous avons simulé la production photovoltaïque possiblement générée par la future installation – heure par heure sur l’ensemble de l’année – afin de la comparer au profil de consommation du site ». 

Avec une installation d’une puissance de 60 kWhc, le bureau d’études parvient à établir que près de 90% de la production d’électricité issue des panneaux pourrait être utilisée directement sur le site… Un taux d’autoconsommation élevé, qui ne prend pas en compte le surplus d’électricité, produit le dimanche ou durant les congés, et ne pouvant alors pas être valorisé. « À l’époque, nous avons procédé au calcul en tenant compte de la réglementation, qui obligeait l’installateur à brider la production via l’onduleur afin de ne pas réinjecter ce surplus dans le réseau. Aujourd’hui, le contexte a changé, et DDP pourrait revendre ces surplus 6 centimes d’euros. À condition cependant de se raccorder à Enedis, afin qu’il comptabilise la production rejetée dans le réseau, avec les frais afférents (frais de raccordement, frais de comptage annuel) », détaille l’ingénieur d’Inelia.

Petites surfaces

Les caractéristiques techniques du projet n’ont pas été l’objet de discussion. « Le maître d’ouvrage n’attendait pas de matériel spécifique, nous l’avons donc orienté vers une solution 100% allemande que nous maîtrisons bien », précise Julien Menaut. 

En trois semaines de travaux, l’ensemble de l’installation photovoltaïque est mise en oeuvre. « Nous étions le seul corps de métier à intervenir sur le chantier, le phasage des travaux était donc relativement simple. La seule difficulté a résidé dans la multitude de branchements à gérer, les panneaux étant disséminés sur l’ensemble des toitures ».

« Aujourd’hui, en cas d’autoconsommation avec revente de surplus, le raccordement à Enedis est obligatoire (3 mois pour répondre + 6 mois pour raccorder si des travaux réseaux sont nécessaires). En cas d’autoconsommation totale, la procédure est plus légère, mais Enedis doit quoi qu’il en soit être informé de l’opération. C’est un équilibre à trouver entre les deux possibilités. Même si actuellement, les maîtres d’ouvrage qui optent pour l’autoconsommation totale le font car ce sont de gros consommateurs ». 

Bilan 

Après trois ans d’existence – la mise en service est intervenue début 2016 – « l’installation se porte bien. La production est même légèrement supérieure à ce que nous avions modélisé ». Chaque année, elle contribue à fournir 21% de la consommation électrique des locaux de DDP. L’installation sera donc amortie en une dizaine d’années, « un temps moyen régulier », indique le spécialiste. 

Et la récente baisse du coût du matériel de ces dernières années impliquerait même aujourd’hui un ROI encore plus court. « À l’époque, le projet a coûté environ 80 000 euros (fourni-posé). Or, aujourd’hui, nous serions plus autour de 60 000 euros ». Pas mal pour une installation dont la durée de vie est estimée à une trentaine d’années. 

Zoom : Une réalisation menée dans le cadre d’un appel à projets régional

Dès 2011, pour faire face au moratoire sur le tarif d’achat de l’électricité photovoltaïque décidé par les pouvoirs publics, la Région Aquitaine a lancé un appel à projets dédié à l’autoconsommation, en lien avec le cluster spécialisé Sysolia. 

Avec un dispositif de soutien original : « Les candidats disposaient d’une aide à l’investissement spécifique, met en avant Julien Menaut. Cette aide permettait de « lisser » la différence de coût entre le kWh photovoltaïque produit (qui, revendu au gestionnaire réseau, aurait été acheté environ 10 centimes d’euros durant 30 ans) et le kWh photovoltaïque autoconsommé (soit entre 8 ou 9 centimes de KWh) ». 

Cette compensation a représenté entre 15 et 25% de l’enveloppe globale des projets retenus dans le cadre de l’appel à projets. Un coup de pouce efficace, qui a permis de faire basculer plusieurs maîtres d’ouvrage vers l’autoconsommation. Avec à la clé, une multiplication des chantiers dans la région. 

Si l’appel à projet existe encore, les critères sont devenus plus exigeants afin de soutenir des projets encore plus innovants (autoconsommation collective, stockage, borne de recharge…).