La « ville intelligente »devient chaque jour une réalité. Une étude, publiée par Précepta/ Xerfi, en dresse un panorama très concret à travers ces cinq piliers fondamentaux. Focus sur les volets « bâtiment » et « réseaux » avec son auteur, Thibaud Brejon de Lavergnée.

Comment définiriez-vous la « ville intelligente » ?

La définition de cet éco-système était justement l’un des enjeux centraux de notre travail : les termes de « smart cities » sont en effet de plus en plus souvent employés, sans pour autant que l’on sache réellement ce qu’ils recouvrent, ou que les acteurs du secteur partagent une définition commune.

Nous avons donc décidé de retenir cinq piliers incontournables et interdépendants –  les réseaux, le bâtiment, la gestion des déchets, la mobilité et les services publics numériques – et cela même si d’autres briques existent (santé, sécurité, tourisme, espace urbain…).

À quel stade de développement en sont les deux piliers « bâtiment » et « réseaux » ?

Ce ne sont pas les plus développés… La mobilité intelligente affiche clairement aujourd’hui une longueur d’avance. De nombreux acteurs sont présents sur le marché, et les coopérations foisonnent. Citons par exemple le consortium So Mobility à Issy-les-Moulineaux, ou le succès des plateformes de covoiturage et d’autopartage ou le développement d’applications comme les applications d’information multimodale comme CityMapper ou Moovit.

Les marchés du bâtiment et des réseaux intelligents sont de leur côté à peine en phase de décollage. Les Bepos sont encore très loin d’être la norme ! Il n’empêche, on peut constater une tendance à l’accélération ces derniers mois, avec la publication cet été de l’ordonnance favorisant l’auto-consommation, qui va clairement développer les bâtiments producteurs d’énergie, ou encore le lancement des labels BBCA et « E+C- ».

Cependant, l’on sait aussi que l’écrasante majorité des bâtiments de la future ville intelligente, sont d’ores et déjà construits. Et sur ce point, d’énormes progrès restent à faire : car si aujourd’hui, le nombre de rénovations énergétiques est en hausse, leurs niveaux de performance restent encore insuffisants, comme est venue encore le souligner récemment la Cour des Comptes dans un rapport publié début novembre.

Votre étude rapporte cependant de nombreuses initiatives d’acteurs sur ces marchés du bâtiment et des réseaux intelligents…

Elles proviennent aussi bien des géants des nouvelles technologies que des acteurs industriels plus traditionnels. Citons par exemple la solution « Advantage navigator », la plateforme de suivi et d’amélioration de la performance énergétique des bâtiments de Siemens, la plateforme « Dalkia Energy Savings center » qui suit en temps réel la consommation d’un parc immobilier, « Hypervision » de Bouygues Énergies & Services, la solution d’aide au pilotage prédictif d’Ubigreen, le thermostat Nest développé par Google…

Comment l’ensemble de ces acteurs au fonctionnement souvent antagoniste vont-ils collaborer dans les prochaines années ? Et face à l’explosion des différents usages diffus, quelle régulation pourra être mise en place, probablement par les collectivités locales, afin d’atténuer les risques de déséquilibre économique, social et environnemental ? C’est à toutes ces questions que devront faire face les acteurs de la ville intelligente.