Dans quelques semaines, la maquette numérique de Finistère Habitat accueillera un nouveau module de gestion du risque amiante. Une nouvelle phase de sa stratégie BIM pour ce  bailleur qui a opté depuis ses débuts pour une approche « par étapes ».

Engagée dès 2013, la bimisation du bailleur social a débuté par l’incontournable épreuve de numérisation de son parc, comprenant 10 000 logements. « À l’époque, nous souhaitions bénéficier d’une meilleure connaissance de notre patrimoine afin de préparer au mieux la programmation des travaux annuels, indique Élodie Kersalé, chargée d’opération au sein du service patrimoine du bailleur social. Finistère Habitat opte pour la solution Abyla conçue par Labéo – également utilisée par 3F ou Habitat 76 mais pas par LMH) – soit une numérisation 2D de l’ensemble des plans en sa possession. 

L’opérateur collabore alors avec la société Neomitis (aujourd’hui Geofit), qui numérise l’ensemble des données transmises par le gestionnaire de données internes (permis de construire, plans 2D). « Quelques écarts ont ainsi pu être constatés entre les données originelles, transmises à la livraison de certains bâtiments, il y a une quarantaine d’années, et la configuration actuelle. Certains travaux avaient été réalisés par exemple : nous avons donc procédé à une mise à jour rigoureuse », précise la chargée d’opération. À l’époque, le coût de la numérisation par logement atteint 54 €HT. 

Ventilation et sécurité incendie

En 2015, le bailleur dispose d’une maquette fiabilisée de son parc, en 2D. Pourquoi pas en 3D comme il semble que cela soit la norme actuellement ? « La maquette devait nous aider à programmer nos travaux, la 2D nous semblait donc amplement suffisante. Mais rien n’empêchera de passer en 3D le moment voulu. D’ailleurs, cinq de nos programmes neufs et deux programmes de réhabilitation sont actuellement conduits en 3D ». 

La 2D n’empêche pas pour autant d’intégrer à la maquette de nombreux éléments détaillés. Depuis 2015, les plans 2D sont enrichis de données variées, à la faveur de campagnes régulières de recensements thématiques. « Nous avons commencé par les matériaux constructifs (types de toitures par exemple), les éléments de sols et de murs, les équipements énergétiques, les menuiseries… », détaille la chargée de la sécurité du patrimoine. Cette riche banque de données sera bientôt complétée par les données de sécurité incendie (système de désenfumage, éclairage de sécurité, extincteur, porte coupe-feu, détecteur de fumée) et les systèmes de VMC collectives. Ces dernières seront prochainement dotées de capteurs de fonctionnement, « qui avertiront le prestataire d’entretien en cas de panne ». 

L’opération de recollement technique ne s’est pas faite sans difficulté. « Une partie importante du travail a porté sur la fiabilisation des données – il a fallu par exemple paramétrer la durée de vie des équipements dans la maquette – pour déterminer un programme de travaux cohérent ». 

Module amiante

Le troisième étage de la « bimisation » de Finistère Habitat a été lancée il y a un an et demi, avec l’intégration du module réglementaire d’Abyla, et le développement d’un process spécifique pour la gestion du risque amiante. « Cette démarche est valorisée par le PRDA : Finistère Habitat fait partie des lauréat de l’AAP07 « Soutien aux démarches exemplaires de gestion de la problématique amiante dans le bâtiment », précise la responsable. 

« En amont de la visite du diagnostiqueur, nous lui remettons un tableau excel décrivant l’ensemble des caractéristiques de chaque pièce du logement selon notre propre nomenclature (code immeuble, code logement, nom de la pièce sous Abyla). À charge pour lui d’ajouter l’ensemble des informations demandées dans le menu déroulant proposé (composants trouvés, parties de composants) et dans le champ laissé libre pour la description. La localisation se fait à la pièce dans la majorité des cas. Les éléments relatifs aux composants permettent de déterminer s’il s’agit d’un mur ou sol… »

Pour cette étape, le diagnostiqueur se voit remettre des plans – toujours extraits d’Abyla – et trois calques à compléter (périmètre des pièces concernées par le diagnostic, localisation des prélèvements et numéro du prélèvement). « Abyla traduit ensuite la présence ou l’absence d’amiante en croisant avec le fichier excel ». 

Le process, très précis, doit être suivi à la lettre par les opérateurs de diagnostic du bailleur. « Fin 2017, le marché de repérage amiante lancé par nos services intégrait ces conditions particulières, et nous avons donc retenu les deux prestataires sur cette base ». 

Prévue pour juin, la bibliothèque de données amiante permettra de générer des tableaux de bord, afin de quantifier précisément les types de matériaux amiantés présents, et même de générer des alertes lorsqu’il faudra mettre à jour un DTA ou un DAPP. En parallèle de ce module, l’extranet, actuellement développé par Data Mana, permettra aux entreprises prestataires de consulter la cartographie amiante, et même d’accéder aux rapports amiante stockés dans le logiciel de GED du bailleur. 

Données dynamiques

Une fois le lancement du module amiante effectué, les équipes de Finistère Habitat ouvriront un nouveau chantier, avec l’aide de leur AMO BIM, la société N’BIM. « Le BIM proposera une cartographie de notre parc à un instant T… Il faudra donc être en capacité de la mettre à jour, après des travaux par exemple. Si nous avons déjà prévu des passerelles pour nos prestataires extérieurs (diagnostiqueurs, marché à commande de désamiantage), à l’image de ce que nous avons développé pour l’amiante, la question va se poser avec les travaux de recouvrement commandés par nos techniciens ou le retrait/recouvrement lors des réhabilitations. Comment vont-ils nous faire remonter les informations ? Il reste de nombreuses passerelles à développer ». 

Une fois le module amiante totalement opérationnel, le bailleur se lancera dans un nouveau chantier de sa maquette numérique. Il portera cette fois sur la cartographie des espaces extérieurs du bailleur : connaissance de nos limites foncières, de nos réseaux privés, de notre patrimoine arboré… 

Zoom : Combien ça coûte ? 

Pour  ce projet, Finistère habitat a engagé environ 950 000 € HT (logiciel et modules complémentaires, numérisation 2D, connecteurs, formations, poste à temps plein pour enrichir et maintenir l’équipement, AMO…).

En plus du poste à temps plein, chaque année environ 40 000 € HT de prestations externes sont prévues pour le développement.