La nouvelle réglementation environnementale ne conduira pas à une explosion de la construction bois, selon l’étude que vient de publier l’institut Xerfi. 

Un marché flamboyant, qui devrait cependant ralentir dès les prochaines années. Après une hausse de 6,3% du CA entre 2016 et 2018, les professionnels de la construction bois doivent s’attendre à « un repli du chiffre d’affaires de 1,5% par an à l’horizon 2021 », selon la dernière enquête secteur de Xerfi. Alors que plusieurs bâtiments emblématiques faisant appel au bois sortent actuellement de terre – Hypérion à Bordeaux, Sensations à Strasbourg ou Horizons Bois à Rennes – la construction bois, et le segment du bâtiment tertiaire en particulier – devrait pourtant rester un « débouché mineur pour la plupart des acteurs ». 

Bardage et menuiseries dans le neuf

Et la nouvelle réglementation environnementale, attendue pour 2020 voire 2021, ne devrait pas venir bouleverser cette tendance. Si la prise en compte de l’empreinte carbone devrait favoriser le recours au bois dans la construction, « elle pourrait simplement se traduire par une plus grande proportion de bois utilisé dans la construction, notamment dans le bardage, les menuiseries, les toitures, etc », anticipe Damien Nesme, l’auteur de l’étude. 

Le plan interministériel d’actions de 2018 comme la loi Elan – et son article 65 encourageant la préfabrication en maisons individuelles – ne devraient pas non plus se révéler déterminants. Le surcoût de la construction bois – pouvant atteindre 20% – ne devrait pas évoluer massivement durant cette période. La raison est détaillée un peu plus loin : la France ne disposant que de peu de résineux – l’essence privilégiée par les acteurs de la construction – « les constructeurs français sont donc contraints de se tourner vers des importateurs-distributeurs. Or, ces derniers sont généralement de grands groupes d’envergure européenne qui disposent d’un pouvoir de marché très favorable face aux acteurs de la construction bois et qui peuvent donc imposer des prix élevés ».

Dynamisme de la surélévation-extension

Les acteurs auront donc intérêt à se tourner vers le marché de la surélévation-extension « où le bois joue un rôle crucial » au regard de ses propriétés (légèreté, modularité). À l’inverse, le marché des bâtiments agricoles en bois, dynamique ces dernières années, semble marquer le pas. En cause selon l’institut « la diminution structurelle du nombre d’exploitations ». Après de belles années, le tertiaire public (écoles, crèches, hôpitaux, etc.) devrait également ralentir en cette année électorale « peu propice au lancement de grands projets ». Enfin, sur le marché de la maison individuelle en bois – une maison sur 10 construite en France – les professionnels devront faire face au rabotage des « aides à la pierre » (PTZ et APL accession) et à une raréfaction du foncier. 

BIM

Un marché morose et de nouveaux enjeux à appréhender. À l’image du reste du secteur du bâtiment,  la construction bois ne sera pas épargnée par la transition numérique. Si quelques pionniers – Woodeum, GA Smart building, Icade et Vinci – ont d’ores et déjà intégré cette nouvelle approche, indique Xerfi, ce n’est pas encore le cas de l’ensemble des acteurs. « La maîtrise de ces solutions numériques apparaît donc comme un prérequis pour intervenir sur des chantiers d’envergure. Pour autant, cette question semble pour le moment bien secondaire face au mur d’investissement qui se présente aux constructeurs bois », conclut Xerfi.